C’est l’élevage de moutons principalement, puis de chèvres à partir du début du XIXème siècle, qui a modelé les hauts paysages de Lure. Passant l’hiver à l’étable, les troupeaux des communes locales et plus lointaines étaient conduits de mai à septembre en montagne où l’herbe est la plus riche : c’est la transhumance.
Les animaux mangeaient les jeunes pousses, arbustes et buissons et empêchaient ainsi la reconstitution et la croissance des forêts. Les familles propriétaires, qui passaient la belle saison avec leurs bêtes, favorisaient aussi l’ouverture des espaces et la création de pâtures en exploitant la forêt. On retrouve ponctuellement sur Lure la marque de ces temps de vie passés en montagne par la présence d’abris et d’anciennes bergeries construites en pierres sèches.


Jas de Pierrefeu à Cruis / Moutons en pâture sur Lure – Source : Francesca Jeanparis, CCPFML

Les cairns, amas de pierres disposées par les bergers ou les randonneurs permettant de matérialiser un chemin ou un sommet, se retrouvent au long des sentiers et servent à se repérer.
En conséquence, ces pelouses ne sont plus entretenues et certaines espèces végétales prennent ainsi le dessus amenant à la disparition d’habitat favorables à certaines plantes rares. Des programmes existent afin de préserver la richesse des pelouses sèches et d’apporter des aides aux éleveurs afin d’encourager le pastoralisme, comme le programme européen Life pelouses sèches. Il permet des travaux de débroussaillage sur la montagne afin d’entretenir le milieu et de préserver sa richesse écologique et ses paysages.

Pendant la belle saison, les troupeaux étaient emmenés sur les pâtures de la montagne de Lure. Les familles en profitaient alors pour cueillir des plantes sauvages, les séchaient et formaient des balles. Les hommes partaient ensuite à l’automne à pied pour les vendre, dans toute la région mais parfois aussi dans des contrées plus lointaines, jusqu’en Belgique ! A l’épreuve du froid, des maladies et des agressions, le voyage de ces marchands ambulants appelés colporteurs-droguistes était une véritable aventure. Leur histoire est imprégnée dans un lieu emblématique de la montagne : Notre-Dame de Lure.
La cueillette a permis à certains villages et certaines familles de se développer, de vivre de leur activité et de prospérer en diversifiant leurs activités en transformant les plantes en alcools, huiles essentielles, parfums, baumes, remèdes… Malgré l’interdiction de préparer des remèdes de plantes à des fins médicinales qui a conduit à l’abandon progressif du métier jusqu’au début du XIXème, l’histoire des colporteurs droguistes a permis d’enraciner la cueillette et la culture de ces plantes comme identité du territoire. Découvrez-la en détail en téléchargeant la brochure « Les plantes aromatiques et médicinales, histoire de rencontres » disponible gratuitement à l’Office de Tourisme de Forcalquier. La cueillette sauvage est toujours pratiquée par des producteurs locaux et par la population qui n’a pas oublié les richesses de sa montagne.

Thym en fleur – Source : Anaïs Joly, CCPFML / Livret sur les plantes aromatiques et médicinales – Source : CCPFML
A partir du début du XXème siècle, la culture de la lavande et du lavandin prend du terrain, elle est bien adaptée à l’altitude et présente naturellement sur la montagne. Les champs se multiplient, accompagnés de petits alambics pour la distillation des plantes. Aujourd’hui, la culture de la lavande est encore d’actualité, bien qu’elle ne se concentre dans de grands champs sur les surfaces plus planes du territoire, notamment sur le piémont de la montagne.
La forêt est toujours exploitée pour la production de bois d’œuvre et de chauffage.
Le saviez-vous ?
Les archives de 1409 témoignent que plus de 7000 bêtes paissaient sur les pâtures de Lure à cette année.
En savoir plus
Remontez le temps et apprenez-en plus sur l’histoire des colporteurs et l’importance de la cueillette sauvage sur le territoire en téléchargeant le livret « Les plantes aromatiques et médicinales : histoire de rencontres » , aussi disponible gratuitement à l’Office de tourisme de Forcalquier.
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